L'axe du loup, par Sylvain Tesson
De la Sibérie à l'Inde sur les pas des évadés du Goulag
"(...) je fais un crochet par le magasin pour m'approvisionner car j'ai devant moi cent kilomètres de taïga avant le village de Kropotkino. L'épicier, flairant l'étranger, demande de quel pays je viens. En ma qualité de Français, il me fait passer manu militari devant la longue procession de babouchkas qui attendent leur tour pour s'approcher de l'étal. Une fois de plus ma nationalité me sert de coupe-file. S'ils savaient ces pauvres Russes dans quel mépris mon peuple bouffi de lui-même les tient, peut-être modéreraient-ils leurs ardeurs francophiles. Un peu gêné d'avoir brûlé la politesse, j'entreprends de raconter les raisons de mon voyage. Je développe pendant dix minutes une petite conférence sur les évadés du goulag sibérien devant les ménagères qui m'applaudissent et m'offrent pour ma peine une saucisse d'un kilo et demi qui me nourrira jusqu'à Kropotkino. "
(p. 66)
Une excellente idée celle de Sylvain Tesson : prouver aux critiques imbues d'elles-même et de leurs à-priori conçus depuis leur fauteuil, que Slavomir Rawicz n'a pas inventé son histoire "A marche forcée".Slavomir Rawicz, un polonais de 24 ans, envoyé au Goulag en 1940 pour purger une peine de vingt ans pour la simple raison qu'il était de nationalité polonaise.
Sylvain Tesson a refait, au XXIeme siècle et en homme "libre", ce long périple que Slavomir a dû faire l'hiver 1940 par - 40 ° en évadé, toujours aux aguets, avec la crainte continuelle d'être repris et renvoyé dans cette prison qui n'a pas besoin de barbelés. Car en Sibérie, dans la Taïga de Iakoutie, rares sont les essais d'évasion et bien peu réussissent leur fuite.
Merci à lizotchka de me rappeler ce merveilleux récit de Sylvain Tesson, qui n'a pas voulu rester insensible aux attaques des détracteurs de Monsieur Slavomir Rawicz.
A lire aussi, du même auteur, un petit recueil plein d'humour et de vérité :
Petit traité sur l'immensité du monde, Edit. des Equateurs, 2005
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