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Portrait de Joseph Czapski, fait par lui-même à Starobielsk :


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Joseph Czapski, Souvenirs de Starobielsk

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Collection "Témoignages" - Cahier I, 1945. Add. (traduit du polonais) : "Il n'y a plus de spectateurs dans les pays frappés par la guerre. Tous y participent, non seulement le soldat de l'armée mais aussi celui du maquis, femmes, enfants des villes bombardées, vieillards déportés, de même que tous les écrivains.
C'est aux écrivains qu'incombera le devoir du témoignage de la vérité dans cette collection, puisque ce sont eux qui devraient avoir un sens plus aigu du vrai. Le but de cette collection est de nous faire revivre un monde vécu par les hommes, ressenti et non déformé.
"
Joseph Czapski est un des quatre-cent rescapés sur vingt mille prisonniers de guerre polonais disparus en URSS.

"De tous les prisonniers, soixante-dix à peine échappèrent au massacre; je suis un d'entre eux."
(p.19)
"Les Souvenirs de Starobielsk" ont été vécus par un polonais, médités par un européen, et écrits par un peintre... Peintre, critique d'art, .... , grand animateur intellectuel... il est une protestation vivante contre la terreur qui s'est emparée de nous et nous a rendus si faibles. C'est le "Untergang des Abendlandes" - le Crépuscule de l'Occident" (note sur l'auteur p.5)
Ce petit fascicule est un témoignage bouleversant, écrit presque jour pour jour sur l'emprisonnement des officiers, de soldats, d'intellectuels, de médecins et d'artistes polonais dans les camps russes de Starobielsk, Kozielsk et Ostachkov (trois couvents désaffectés dont les moines ou/et les religieuses ont été tués).
En quelques mois, toute la frange intellectuelle de la population polonaise a été anéantie.  "... Ces quelques noms que je viens de citer sont pris au hasard dans mes souvenirs et dans les récits de mes camarades. Ils ne donnent qu'une idée plus que fragmentaire de la longue liste des hommes de valeur que nous avons perdus dans ces camps." (p.22).
Dès le premier moment de sa libération, Joseph Czapski avec le Général Anders a réclamé avec entêtement, en réitérant les démarches chez les plus hauts dignitaires du pouvoir soviétique pour savoir ce qu'étaient devenus les milliers de ses compatriotes. A l'époque de l'édition de ce premier Cahier, la vérité n'avait pas été encore découverte.

Quelques extraits :

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Kozielsk - Dessin d'un prisonnier
... Exténués jusqu'au dernier point, moralement et physiquement, dans un froid cruel d'automne, deux mille officiers furent amassés dans deux étables déjà bondées de deux mille soldats. La première nuit hors la frontière de la Pologne. Les militaires polonais étaient réduits à une cohue d'hommes, empilés dans ces étables, abrutis par le malheur, écrasés moralement. On était plongé dans l'obscurité, et lorsqu'on fermait la porte, l'air devenait irrespirable pour ceux qui se trouvaient au fond... Si on risquait de l'ouvrir, le froid était trop vif pour ceux qui étaient entassés près de la sortie... Ouvrez la porte... Fermez la porte... Nous écoutions dans l'obscurité, en proie à une profonde humiliation, ces injures et ces querelles. Mais soudain quelqu'un se mit à chanter :

Sous ta protection, Père du Ciel,
Tes enfants confient leur sort.
Bénis-les et aide-les dans la nécessité,
Et sauve-les du mal, lorsqu'ils sont menacés.


Et tout le monde, dans l'étable, comme un seul homme, se mit à chanter ce cantique. Il y avait dans ce chant un élan enfantin, une ferveur de foi et de larmes, un tel cri de supplication dans la dernière phrase : "Tu es notre bouclier, ô Dieu notre Père", et une telle union spontanée, qu'on éprouvait une sensation presque physique de la soudaine transformation intérieure opérée en chacun par l'ancien cantique.
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